Relance du secteur du BTP :
un plan ambitieux mais pas suffisant
2020-09-30T10:28:58+02:00 Le Premier Ministre a présenté le plan « France Relance » le 3 septembre dernier. Un plan de relance ambitieux qui s’articule autour de trois axes principaux : la transition écologique, la souveraineté et la compétitivité économique, la cohésion sociale et territoriale. La France consacrera alors 100 milliards d’euros de son budget des 2 prochaines années « pour retrouver dès 2022 notre niveau de richesse d’avant la crise ». Cette annonce grandement attendue a engendré des réactions de toutes parts. Bâtiment, travaux publics, promotion immobilière : les fédérations prennent la parole sur les différentes mesures consacrées à la relance du secteur du BTP. Entre satisfaction d’un côté et inquiétude de l’autre, retour sur les dispositions annoncées.
Article publié le 30/09/2020
Une place de choix pour la rénovation énergétique
Près de 7 milliards d’euros. C’est la part du budget de « France Relance » consacrée à la rénovation énergétique pour les deux prochaines années. Le secteur du bâtiment résidentiel-tertiaire générait plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2019. C’est donc sans surprise que près d’un quart du budget de la transition écologique (30 Md €) lui est consacré.
4 milliards d’euros sont destinés à la rénovation des bâtiments publics et devraient notamment permettre de relancer la commande publique. Du côté des logements privés, le Gouvernement débloque 2 milliards d’€ pour le financement de MaprimeRenov’. La rénovation énergétique du parc social et celle des TPE/PME bénéficieront respectivement de 500 et 200 millions d’euros.
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Réactions en demi-teinte des fédérations professionnelles
A la suite de l’annonce du Plan de Relance, Olivier Salleron, Président de la Fédération française du bâtiment (FFB), exprime la satisfaction générale « que la rénovation énergétique soit un volet prioritaire ». La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) souligne de son côté l’importance que les sommes allouées soient effectivement utilisées et principalement dédiées à l’investissement.
En revanche, on ressent la déception et l’inquiétude quant à l’absence de mesures dédiées à la construction neuve (hors réhabilitation des friches). Une appréhension que l’on comprend. La construction de logements neufs devrait enregistrer une baisse d’activité de l’ordre de 23.6% fin 2020. Pour la construction de non-résidentiel neuf, la perte devrait avoisiner les 23%.
Relance du secteur du BTP : « Nous espérons désormais une mobilisation sans précédent de l’ensemble des acteurs concernés, en particulier les collectivités locales. Nos entreprises sont prêtes à relever le défi. » Bruno Cavagné, Président de la FNTP
Enthousiasme modéré dans la promotion immobilière
Parmi les mesures proposées dans le plan de relance figurent la densification et le renouvellement urbain (réhabilitation des friches, aide aux maires pour la densification de l’habitat). Le Gouvernement y consacre 650 millions d’euros de son budget « Biodiversité, lutte contre l’artificialisation ». La FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers) regrette que la mesure présentée n’ait pas d’effet à court terme.
Pour la profession, la relance ne sera possible que si des permis de construire sont autorisés. Les dispositifs Pinel et de prêt à taux zéro sont directement visés et la FFB réclame également leur reconduction. Le Gouvernement devrait y apporter une réponse avec un nouveau projet de loi de finances rectificative (PLFR) début octobre.
Bilan tout de même encourageant pour la filière
« France Relance » a reçu un bien meilleur accueil que la précédente annonce du Gouvernement en juin dernier. Le PLFR 3 avait suscité la critique des fédérations (FFB et FNTP). Elles avaient ainsi jugé les propositions trop générales et déploré l’absence de mesures de soutien pour l’investissement local.
Sans mesures fortes, le BTP (qui représente 2 millions d’emplois et 11% du PIB) craint un effondrement de son activité. La commande publique est particulièrement atteinte. Les attentes, concernant le plan de relance national annoncé pour la rentrée de septembre, étaient dès lors très fortes.
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Un secteur soutenu par l’Etat depuis le mois de mars
Rappelons que durant le confinement, la filière a déjà pu profiter de mesures spécifiques en complément des dispositifs de soutien publics.
Parmi les actions spécifiques nous citerons la publication d’un guide professionnel de sécurité sanitaire, la ratification d’ordonnances notamment en faveur de la reprise des chantiers ou encore l’investissement des préfets dans un accompagnement de proximité auprès des professionnels du secteur.
Des dispositions qui avaient permis de limiter les dégâts dans le secteur qui enregistrait une baisse de 88% de son activité début avril. Avant l’été, on comptabilisait 1% de chantiers de travaux publics et moins de 15% de chantiers du bâtiment interrompus.